Comment est fixé le taux d’un crédit ? Peut-on trouver moins cher ?
Tellement de personnes souhaiteraient savoir comment est fixé le taux d’un crédit. Pourquoi certains obtiennent de meilleurs taux que d’autres ? Pourquoi certains organismes proposent-ils un crédit pas cher et d’autres sont plus élevés ? Nous allons expliquer tous les mécanismes intervenant dans la détermination d’un taux d’un crédit.
Nécessité de fixer le taux d’un crédit pour être rentable
Un organisme prêteur, quel qu’il soit, n’est pas une entreprise à but non lucratif. Un crédit, bien qu’étant un service immatériel, ne doit pas être proposé à perte. Les organismes de crédit ou banques calculent le taux de crédit consommation de façon à atteindre un certain seuil de rentabilité.
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Calcul de rentabilité d’un organisme financier
Les organismes de crédit ou établissements prêteurs déterminent leurs gains et leurs coûts avant d’établir le taux d’un crédit.
Les gains
Pour un organisme de crédit, les gains associés à un crédit sont les suivants :
- frais de dossier
- intérêts perçus sur le crédit lié au taux du crédit
- intérêts perçus sur l’assurance du crédit
- éventuels frais de remboursement anticipés et/ou d’impayés en cours de vie du contrat
D’un point de vue client, le gain de l’organisme financier correspond au coût du crédit et de l’assurance pour le client. Ce coût du crédit peut être calculé aisément grâce au taux TAEG, lequel incorpore tous les frais pour un crédit à la consommation. Le coût de l’assurance quant à lui peut être calculé grâce au TAEA.
Pour un prêt immobilier, on parle également de TAEG. Même si l’assurance est obligatoire, la loi Hamon du 17 mars 2014 permet à l’emprunteur de ne pas choisir forcément celle de l’organisme prêteur. Nous partons donc sur les mêmes conditions que le crédit conso pour déterminer le coût et la marge du prêt.
Les coûts
Afin de bien fixer le taux d’un crédit, il est indispensable de bien quantifier les coûts. Ces derniers sont de trois ordres :
Les frais de fonctionnement et de commercialisation
Derrière tous les taux d’un crédit, il y a une entreprise. Afin de faire vivre cette dernière, il y a tous les coûts liés à son bon fonctionnement : frais du personnel, coût de structure, etc. En plus de ces coûts, il y a également tous les frais liés aux investissements commerciaux afin de faire connaitre le produit, comme par exemple la publicité.
Le coût de refinancement
Aussi étonnant que cela puisse paraître, tous les organismes de crédits et les bancassureurs empruntent de l’argent sur un marché spécifique afin de pouvoir prêter l’argent. Cet emprunt a un coût qui est appelé le taux de refinancement. La valeur de ce taux est dépendant de la situation du marché, de la durée de l’emprunt mais également de la santé financière ou plutôt de la solidité financière de l’organisme financier emprunteur.
C’est pourquoi, la majorité des organismes de crédits spécialisés sont des filiales de grands groupes bancaires. Cetelem est ainsi la filiale de BNP Paribas, Sofinco celle du Crédit Agricole, Cofidis celle du groupe Crédit Mutuel-CIC et Franfinance celle de la Société Générale. Sur le marché français, seuls Oney et Carrefour Banque ne sont pas directement des filiales de grands groupes bancaires. Le premier cité est une filiale de Auchan et le second est la filiale du groupe éponyme.
Nous pouvons donc supposer que Sofinco par exemple obtient un taux de refinancement plus faible que Banque Accord au vu des fonds propres bien plus conséquents du Crédit Agricole (1ère banque des particuliers en terme d’épargne). On pourrait donc s’attendre à ce que le taux d’un crédit Sofinco soit moins chers que ceux d’Oney. Et pourtant, ce n’est pas si simple.
Le risque de non remboursement des prêts
Ce coût est le plus sensible dans la décision de proposer un crédit à taux bas ou plus élevé. En effet, moins un client remboursera son crédit plus il créera des pertes pour l’organisme de crédit. Or ces pertes devront être rattrapées. Et comment faire pour rattraper des pertes quand on est une société financière ? Très souvent en augmentant le taux de crédit des nouveaux prêts…
Et si de nombreux clients se mettent à ne plus rembourser leur crédits, c’est carrément le risque de faillite pour la société de crédit.
Taux d’un crédit : la rentabilité
Pas besoin d’être expert comptable pour comprendre que les gains doivent être supérieurs aux coûts estimés. Les directions financières des organismes de crédits calculent ainsi le taux d’intérêt minimum pouvant être proposé pour un crédit en fonction de sa nature (projet, montant, durée). Le taux d’un crédit maximum proposable est quant à lui fixé légalement par la Banque de France et est nommé taux d’usure, nous y reviendrons par la suite.
Les dirigeants des banques prennent dès lors le relais afin d’établir le taux des crédits réellement proposés aux clients, taux intégrant la marge de l’entreprise. Les offres proposées en terme de taux sont d’ailleurs régulièrement renouvelées chez les organismes de crédits spécialisés tels Cetelem, Sofinco, Carrefour Banque, Younited Crédit, Cofidis qui se livrent une lutte sans merci pour proposer le meilleur crédit, au taux le plus bas. Chacun a ses spécialités (projets, montant, durée) et peut donc tirer son épingle du jeu. Il est indispensable de comparer à un instant T afin d’obtenir le meilleur crédit. C’est sur ces bases que nous avons développé un comparateur permettant de classer les offres en permanence.
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Cas des taux de crédit à 0%
Malgré toutes ces explications sur le calcul du taux d’un crédit, une question peut se poser. Pourquoi alors voyons-nous quelquefois fleurir des offres de crédit à taux zéro ? En général, trois familles de crédits à 0% co-existent :
Prêt à taux 0%
Ce crédit est aussi nommé par son sigle PTZ. C’est un prêt subventionné par l’État qui est accessible sous certaines conditions (achat d’un bien immobilier, conditions de ressources, etc.) à un néo-propriétaire. Il est limité en montant et est donc en général associé à un crédit immobilier classique. C’est une mesure gouvernementale et il n’a donc pas vocation à être rentable.
Crédit gratuit en magasin
Ce type de prêt est régulièrement proposé dans les enseignes de grande distribution. Il n’y a pas de vice caché et le client ne payera pas d’intérêt sur cet emprunt. Les intérêts du crédit sont pris en charge par le magasin. L’enseigne propose cette offre de crédit gratuit dans le but de faciliter la vente du bien. En général, ce type de crédit est proposée sur une faible durée (3 ou 4 mois) et nécessite régulièrement le paiement de la première mensualité par carte bancaire lors de l’achat afin de s’assurer que le client est bien solvable.
Crédit auto 0%
C’est le même principe que le crédit en magasin à 0%, c’est le constructeur automobile, voir le concessionnaire automobile qui paye les intérêts. Le client ne paie donc aucun intérêt sur le crédit auto 0% proposé. Néanmoins ce crédit n’est pas obligatoirement des plus intéressants pour l’acheteur automobile. En effet, lors de l’achat d’une voiture, le vendeur consent régulièrement une réduction non négligeable sur le prix de la voiture, d’autant plus si elle est neuve ou récente. Dans le cas d’une proposition d’une offre de crédit à 0%, le vendeur ne sera vraisemblablement pas disposé à proposer une belle réduction sur le prix de vente.
L’acheteur aura ainsi tout intérêt à minimiser le coût global de la transaction : prix du véhicule + coût du crédit. Pour cela, la plupart du temps, la solution optimale consiste dans un premier temps à négocier le prix de la voiture et en parallèle de trouver le crédit auto le moins cher.
Les risques liés au taux d’un crédit
Faillite d’une société de crédit
Autant certains coûts sont facilement identifiables, autant une bonne gestion des risques est cruciale pour un organisme prêteur. Une mauvaise anticipation du risque de non remboursement peut causer la faillite de la société. En effet, il est aisé de comprendre que si une entreprise accorde un crédit 10 000 euros et qu’elle n’a en retour aucun remboursement, cela va poser problème.
D’autant plus si ce phénomène se reproduit sur plusieurs crédits. Les sociétés de crédit mettent tout en œuvre afin de maîtriser un risque futur qui pourrait la mettre en péril. Il faut donc :
- Détecter ceux qui ne pourront pas rembourser ainsi que d’éventuelles fraudes afin de décider de leur prêter ou non l’argent.
- Anticiper le risque futur et de calculer son coût.
- Mettre toutes les mesures en œuvre afin de récupérer l’argent prêté. Des directions recouvrement et/ou des entités spécialisées ont souvent été créées pour répondre à cette problématique.
Certaines sociétés ont d’ailleurs payé leur mauvaise gestion des risques.
L’accès au crédit n’est pas ouvert à tous
Contrairement à d’autres pays, la France possède un garde-fou : le taux d’usure. En France, tout organisme prêteur est dans l’obligation de prêter l’argent à des taux de crédit en dessous du taux d’usure qui correspond au taux maximum à ne pas dépasser. Il faut d’ailleurs parler de taux d’usure au pluriel, car il y en a plusieurs en fonction du produit et du montant restant à rembourser. Ces taux évitent d’éventuelles dérives.
Voici quelques taux d’usure applicables au deuxième trimestre 2018 :
- Crédit à la consommation
Pour un prêt inférieur au crédit 3000 euros, taux d’usure : 21,07%
Concernant un crédit compris entre 3000€ et 6000€ : 12,99%
Pour un montant supérieur au crédit 6000€ : 5,89%
- Crédit immobilier
Prêt à taux fixe inférieur à 10 ans : 3%
Prêt à taux fixe avec durée de remboursement de 10 à 20 ans : 3,03%
Crédit à taux variable : 2,69%
Par obligation, l’organisme prêteur devra fixer le taux d’un crédit en dessous du taux d’usure.
Ces taux d’usures impliquent également que beaucoup de français n’ont pas accès au crédit car ils sont jugés trop risqués par les organismes de crédits. Ces derniers ne pouvant pratiquer un taux trop élevés pour se prémunir du risque de certains dossiers, ils préfèrent les refuser. Au final, moins d’un demandeur de crédit à la consommation sur deux est pré-accepté par au moins un organisme de crédit. En effet, nous avons développé un comparateur de crédit avec réponse de principe en temps réel. Et c’est ce que nous constatons.
Une large frange de la population n’a donc pas accès au crédit. Est-ce pour autant une meilleure situation que d’avoir des taux exorbitants ? Par exemple, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, certains taux peuvent atteindre de 30% à 40%
Des différences de taux en fonction du besoin ?
Comment le taux d’un crédit immobilier est-il fixé ?
Les taux d’un crédit immobilier, qu’ils soient fixes ou variables sont plutôt bas en cette période. Ils sont indexés sur des taux de refinancement. Les prêts à taux fixe sont fixés en fonction de l’indice de référence OAT 10 ans. Les prêts à taux variables sont quant à eux indexés sur l’EURIBOR. Les taux d’un crédit immobilier sont plus faibles que ceux d’un crédit à la consommation car la durée de remboursement est beaucoup plus longue. De plus, en cas de non remboursement caractérisé par l’emprunteur, l’organisme prêteur est en droit de saisir la maison. Selon la Banque de France, le taux de crédit moyen à l’habitat est de 1,61% en février 2018.
Comment est fixé le taux d’un crédit à la consommation
Même si la méthodologie reste la même pour fixer le taux d’un crédit, les taux TAEG réellement pratiqués sont bien différents d’un produit à l’autre. Les taux du prêt personnel ou de tout autre crédit conso sont fixés en fonction du risque induit. Lorsque l’emprunteur apporte une justification sur l’utilisation des fonds, que ce soit pour l’achat d’un véhicule ou la réalisation de travaux, les taux d’intérêts proposés sont en général plus faibles que lorsque aucune justification n’est apportée.
Un risque différent pour chaque crédit
Pour le crédit auto, le risque est d’autant plus faible qu’il est possible de saisir la voiture. Au contraire, pour le crédit personnel, les taux de crédit auto sont plus élevés car le risque de non remboursement est plus élevé. Le taux d’intérêt proposé est même très proche du taux d’usure quand il s’agit d’un petit crédit. Le produit proposé pour un montant inférieur à 4000€ est le crédit renouvelable. Les taux de ce produit décrié atteignent régulièrement les 20%.
Dernier produit de la catégorie des crédits à la consommation, le regroupement de crédits. Pour ce produit, le taux d’un crédit est également proche du taux d’usure car l’objectif premier de l’emprunteur n’est pas la valeur du taux en tant que tel mais est de diminuer leur mensualité. Les organismes de crédit l’ont bien compris et ne se livrent pas une dure bataille sur les taux. Il devient alors plus facile de fixer le taux de ce type de prêt.
Le taux fixé différemment en fonction de la durée de remboursement
Afin d’attirer un nouvel emprunteur, un des axes de communication préférés des organismes de crédit est de communiquer sur le petit taux d’un crédit. Pour cela, beaucoup communiquent sur des taux très bas de l’ordre de 1% (nous avons même déjà vu 0,8%). Cependant avec un taux si bas et si l’emprunteur ne souscrit pas à l’assurance emprunteur, l’organisme prêteur aura du mal à être rentable. C’est pourquoi ce taux n’est qu’une accroche. Il n’est proposé que sur 12 mois. Pour bénéficier de cette accroche de taux, l’emprunteur devra donc rembourser une mensualité très importante ce qui en rebutera la majorité.
En date du 17/04/2018, voici un exemple typique d’accroche de taux qui éclairera nos propos :
Banque Casino affiche un taux de crédit personnel à 1,00%, mais ce taux n’est accessible que pour un crédit 15000€ sur une durée de remboursement de 12 mois. La mensualité qui en découle est de 1256,75€ sans assurance. Cette mensualité n’est donc pas ouverte à toutes les bourses et très peu d’emprunteurs obtiendront réellement ce taux. A la vue de cet exemple, le TAEG n’est pas le seul critère déterminant lors du choix d’un prêt, la mensualité en adéquation avec sa capacité de remboursement est également à prendre en compte.
Le taux d’un crédit dépend du risque potentiel de l’emprunteur
Certains organismes de crédit modulent les taux des crédits proposés en fonction du risque potentiel de l’emprunteur. Afin d’identifier ce risque potentiel, l’organisme prêteur se base sur des statistiques. Il évalue à quel point un nouvel emprunteur ressemble à un ancien emprunteur. Par exemple, si les emprunteurs « propriétaires » ont mieux remboursé leurs crédits que les « locataires », l’organisme financier pourrait consentir à proposer un taux plus faible aux propriétaires.
Toutes les informations demandées peuvent servir à différencier un profil d’un autre. La société de crédit construit ainsi un score de risque de non remboursement qui affecte à chaque demande de crédit une note. Le taux d’un crédit réellement proposé à l’issue de la demande de crédit peut ainsi être différent de celui affiché au départ. Pour palier à ce défaut de communication, les organismes de crédit communiquent ainsi sur « un taux à partir de ».
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Rédigé par Johann Clisson - Mis à jour le 02/03/2020